C’est maintenant ou jamais…
« Les extraterrestres m’ont mis une combinaison spatiale jaune. Ils m’ont fait faire le tour du vaisseau spatial et m’ont montré le centre de commandement. Je me sentais très à l’aise avec eux. »
Si vous pensez que cette phrase est extraite d’un exquis livre pour enfants sur les extra-terrestres, vous faites erreur. C’est une déclaration de Kirsan lyumzhinov, président de la Fédération internationale des échecs (FIDE), une des plus grandes fédérations sportives du monde. Kirsan, ancien président de la Kalmoukie, une petite (ancien) République soviétique a été en tête du monde d’échecs depuis 20 ans.
Son voyage dans l’espace n’est pas le seul exploit de Kirsan.
En 1996, il a essayé d’organiser le Championnat du monde à Bagdad (avec son ami Saddam Hussein), a joué une partie d’échecs avec un (autre) ami, le leader déchu de la Libye Mouammar Kadhafi.
Kirsan croit (comme il le dit) que « Les échecs sont un don de Dieu, je suis leur ange-gardien, leur gardien. Pour moi les échecs sont la religion, rejoignez-moi dans la propagation de la foi… »
C’est un sentiment admirable, mais ses prières n’ont pas vraiment élevé le niveau d’intérêt pour un soutien des échecs auprès de sponsors privés ni n’ont contribué au développement des échecs dans les écoles…
Sur le plan international, les échecs ne se sont absolument pas développés.
C’est pourquoi j’ai décidé en 2006 de défier Kirsan aux élections Fide à Turin. J’ai perdu par 54 voix contre 96. Une défaite claire. Nous avons alors réalisé qu’il fallait plus qu’un bon programme pour gagner ces élections. Mon équipe et moi avons appris qu’offrir des emplois avec des récompenses financières aux délégués, payer des billets d’avion et promettre des fonds aux fédérations était une pratique courante en période pré-électorale. Cela a certainement aidé à obtenir plus de votes ; cela n’a certainement pas aidé à la promotion du jeu d’échecs.
Quatre ans plus tard, l’ancien champion du monde, Anatoli Karpov, a subi le même sort.
Nous sommes maintenant huit ans plus tard. En août 2014, en Norvège, nul autre que Garry Kasparov va se porter candidat pour succéder au président sortant.
Après l’échec des deux tentatives d’Anatoli et de moi-même, je crois que c’est une occasion unique et ultime pour les délégués de changer une fois pour toute la direction de la FIDE.
Vous avez enfin, en tant que délégués de la FIDE, une (dernière ?) chance d’avoir vos fédérations d’échecs associées à un champion du monde extraordinaire. A travers votre soutien pour Garry, vous aller accroître la visibilité du brillant jeu auprès de sponsors privés et du grand public. Vous aurez enfin la possibilité de créer un véritable leadership à la FIDE par un professionnel mondialement connu qui peut vraiment être un ambassadeur du jeu. Vous pouvez enfin mettre fin à 20 ans de présidence de la FIDE de Kirsan qui furent surtout caractérisés par des conflits et de la stagnation.
Il y a huit ans, en introduction à ma campagne électorale, mon ami, le grand-maître Nigel Short, a déclaré ce qui suit : « Il est difficile de sous-estimer l’importance de cette élection, car l’avenir du jeu d’échecs est en jeu. Soit la FIDE reste une organisation de cow-boy, embourbée dans le sordide et boudée par les sponsors privés, soit elle devient un corps sportif moderne et professionnel, dévouée à l’exploitation du grand potentiel de notre jeu. »
Aujourd’hui, huit ans plus tard, les paroles de Nigel n’ont rien perdu de leur sens…….
Chers délégués, si vous voulez vraiment que le changement se produise… C’est maintenant ou jamais.
Bessel Kok
Ancien président de Association mondiale des Grands-Maîtres
Organisateur des tournois de SWIFT et de matchs de candidats au Championnat du monde