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Kasparov répond : « Qui allez-vous soutenir ? »

Garry Kasparov : « A mes collègues : qui allez-vous soutenir ? »

Une réponse à la déclaration du 6 avril 2014 des ex-championnes du monde Nona Gaprindashvili et Maïa Chiburdanidze.

Après avoir lu cette lettre, signée par deux de mes plus admirables collègues grands maîtres, je dois dire que je ne peux pas cacher ma déception. Il est, pour moi, impensable que de grands joueurs d’échecs ne soient que de simples messagers.

Leur affirmation que « Garry Kasparov s’oppose à ce que la Géorgie accueille l’Olympiade d’échecs de 2018″ déforme ma position sur la question. Le texte qui suit n’est pas sans rappeler la propagande de notre jeunesse, quand nous étions juste en train de devenir champions du monde. Bien sûr, je me souviens avec émotion de mes liens de longue date avec les joueurs d’échecs géorgiens. Mais les bénéfices étaient mutuels, tandis que la lettre donne l’impression que je suis redevable à la Géorgie pour pratiquement toute ma carrière échiquéenne.

Lucerne, 1982. Olympiade d'échecs. De gauche à droite : Chiburdanidze, Ioseliani, Gipslis, Gaprindashvili, Alexandria, Kasparov, Gufeld, analysant la célèbre partie Korchnoi-Kasparov.

Lucerne, 1982. Olympiade d’échecs. De gauche à droite : Chiburdanidze, Ioseliani, Gipslis, Gaprindashvili, Alexandria, Kasparov, Gufeld, analysant la célèbre partie Korchnoi-Kasparov.

J’ai récemment « osé » soutenir l’organisation de l’Olympiade d’échecs 2018 au Cap, en Afrique du Sud. J’ai de très bonnes raisons pour cela. Chaque Olympiade est essentiellement une affaire internationale. Mais depuis Manille, en 1992, pas une seule ne s’est tenue loin de l’Europe, et jamais une Olympiade ne s’est jouée en Afrique ! En outre, l’Olympiade au Cap coïnciderait avec les cérémonies du 100e anniversaire de Nelson Mandela, une célébration non seulement pour l’Afrique du Sud, mais pour le continent tout entier.

Peut-être, chers collègues, avez-vous une opposition de principe à ce soutien ? Je vous rappelle que l’Olympiade 2016 aura lieu à Bakou, en Azerbaïdjan. Pensez-vous qu’il est juste pour le monde des échecs de jouer deux Olympiades de suite dans le Caucase ? La FIDE réunit actuellement 181 pays, et nous avons besoin de travailler à étendre la popularité du jeu d’échecs dans le monde entier. Si je suis élu à la présidence de la FIDE, je travaillerai sans relâche pour parvenir à réaliser la devise de l’organisation : Gens una Sumus.

Par conséquent, avec tout le respect dû à leurs excellents efforts pour la promotion des échecs en Géorgie, je recommanderais que mes collègues de ce pays déposent une demande pour l’Olympiade de 2020.

Mais laissons pour le moment de côté le différend sur le lieu de l’Olympiade 2018 et passons un peu de temps à parler de l’avenir des échecs eux-mêmes. Je voudrais vous poser, Nona et Maïa, une ou deux questions qui sont un grand sujet de préoccupation pour moi. Savez-vous que la fédération géorgienne des échecs soutient farouchement la candidature de M. Ilyumzhinov à la présidence de la FIDE? Croyez-vous qu’Ilyumzhinov peut offrir un brillant avenir aux échecs, et que je ne le peux pas ?

Vos opinions sont importantes pour moi. Mon point de vue est bien connu : 19 ans sous M. Ilyumzhinov ont conduit les échecs au bord de l’effondrement. La situation est telle que, sans des changements drastiques, sans le soutien des sponsors, le jeu d’échecs sera en grand danger. Vous êtes bien informées sur mon plan pour développer les échecs dans le monde entier, ainsi que sur l’énorme énergie que je continue à consacrer à ce plan. Je vous repose la question – Qui soutenez-vous ?

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